Cet article invité a été rédigé par l’équipe d’Olivier Roland
En fonction du côté où vous vous situez, la procrastination peut vraiment ruiner toute une carrière et elle peut aussi apporter des bénéfices inestimables. Eh oui, il y a des avantages associés au fait de procrastiner. Mais avant d’être choqué par cette thèse des bénéfices de la procrastination, suspendez un instant toutes les idées reçues que vous avez pour redécouvrir toute sa subtilité.
On peut difficilement contester le fait que la procrastination soit l’une des plus importantes sources de limitation dans l’accomplissement d’une carrière. Cela dit, il ne s’agit là que de la partie émergée de l’iceberg. En réalité, la procrastination est loin d’être une notion aussi polarisée que la culture populaire contemporaine l’a décrite.
Dans certains cas, il s’agit même d’un facteur de productivité assez important. Découvrez dans cet article, en quoi la procrastination peut vous aider à réaliser vos rêves.
Les procrastinateurs réussissent-ils dans la vie ?
En règle générale, la procrastination est associée à la paresse, le manque d’engagement et de professionnalisme. C’est une chose pour laquelle l’on est souvent pointé du doigt dans notre société capitaliste hyper concurrentielle et polarisée. C’est donc tout logiquement que vous aurez tendance à vous sentir mal, honteux, voire inutile en comparaison à vos proches et connaissances qui sont de véritables machines à exécuter.
Mais rassurez-vous, cela ne définit absolument pas votre valeur. Inutile donc de vous blâmer pour un hypothétique défaut de professionnalisme ou de sérieux. Certes, dans un contexte où l’unité de mesure de la valeur est la création de richesse, ils obtiendraient plus de points que vous. Mais c’est une lecture statique qui ne définit en rien la tournure que vous allez décider de donner aux événements après avoir découvert les secrets de la procrastination à la fin de cet article.
Pensez-y un instant… Jusqu’à preuve du contraire, vous avez toujours été une personne censée qui sait parfaitement distinguer ce qui est dans son intérêt ou non. Donc pour quelle raison est-ce que vous décideriez délibérément de ne pas exécuter une tâche alors même que vous êtes conscient de toute son importance ?
Dans bien des cas, la procrastination est un signal. Un énorme panneau “HALTE” posé en plein milieu de la route pour attirer votre attention sur quelque chose.
Vers un changement de direction
En règle générale, quand on aime vraiment une chose et/ou quand on est véritablement convaincu de son importance pour nous, on ne rechigne pas à la faire. Dans un tel scénario, la procrastination devient donc un signal indiquant un problème de conviction.
En vérité, cette carrière professionnelle qui est la vôtre aujourd’hui, comment a-t-elle débuté ? Quel rêve, quelle ambition, quelle aspiration profonde étaient à la base ? Quel était le but visé ?
Commencez-vous à entrevoir le fil conducteur ?
Il est possible d’avoir un travail que beaucoup qualifieraient de job de rêve sans qu’il ne fasse vraiment écho avec notre être.
Vous avez pris ce job parce qu’il y avait urgence. Ensuite, il y a eu les factures à payer, le crédit à rembourser, etc. Pire, je n’ai aucune qualification professionnelle pour ma passion.
Je ne peux quand même pas abandonner un travail si bien payé pour poursuivre mon rêve. Comment vais-je survivre ?
Avant même que vous ne le remarquiez, plusieurs années se sont ainsi écoulées. Vous êtes désormais pris au piège d’un engrenage de démotivation où vous poursuivez votre carrière sans grand enthousiasme ni conviction.
Dans ce cas précis, c’est votre base qui est faussée et le désengagement dont la procrastination n’est qu’un symptôme, est là pour attirer votre attention sur ce fait. Autant que faire se peut, il faut poursuivre ses rêves. Même si pour l’instant, vous n’occupez pas encore votre poste idéal ou que vous ne vivez pas encore de votre passion, vous vous devez de viser cette cible.
En règle générale, nous autres humains sommes pressés d’atteindre notre but. Donc si vous arrivez à voir le lien entre votre occupation actuelle et votre rêve, vous serez moins enclin à procrastiner le moment venu.
Combattre la procrastination en 10 minutes
Bien sûr, la description de la procrastination que nous avons faite jusque-là ne prend pas en compte les tâches récurrentes du quotidien comme faire le ménage, tondre la pelouse, s’occuper de la lessive ou encore faire sa compta.
Il faut l’avouer, presque personne n’est enchanté par l’idée de ces tâches perçues comme fastidieuses, ennuyeuses et pour lesquelles nous sommes bien nombreux à procrastiner souvent.
Ce dont il est question ici, c’est le fait de ne pas se mettre à travailler sur ce projet si important jusqu’à ce qu’on se retrouve dans l’urgence la plus absolue. Cela dit, même les plus petites choses doivent être faites en temps et en heure.
Qui plus est, à force de les reporter sans cesse, elles finissent par s’accumuler au point de compromettre totalement votre capacité à être opérationnel. Imaginez un instant vous rendre à une réunion de travail importante dans une tenue froissée. Impensable n’est-ce pas, et pourtant c’est ce qui se passera au bout d’un certain temps à reporter le moment où il faudra repasser votre linge.
La bonne nouvelle c’est que vous n’êtes pas tenus de tout faire par vous-même. Procrastiner sur les tâches que vous percevez comme des corvées ne fait pas forcément de vous une personne peu disciplinée ou pas assez déterminée.
Mais en toute objectivité, il est impossible de continuellement se soustraire à ces tâches sans en payer le prix à un moment donné. Pour atteindre ses objectifs, il faut absolument se donner les moyens de sa politique.
Deux options s’offrent à vous pour résoudre le problème de la procrastination à ce niveau.
Le pouvoir de la délégation
La première option et la plus facile, c’est très probablement la délégation. Toutefois, il faut savoir se donner les moyens de sa politique. Déléguer sous-entend qu’il faudra payer quelqu’un pour accomplir ces tâches. Et payer le juste prix pour quelqu’un de qualifié car s’il y a une chose bien pire que de procrastiner sur une tâche, c’est d’être obligé de passer derrière après avoir payé quelqu’un pour la faire.
Retrouver le chemin vers les fondamentaux
Dans le second cas de figure, ce sont des tâches que vous ne pouvez pas déléguer. Ici, c’est un peu plus délicat, mais rassurez-vous. Avec la bonne approche, vous y arriverez certainement. Ce qu’il faut faire ici, c’est de prendre un instant pour procéder à l’analyse suivante :
- En quoi cette tâche particulière contribue à votre quotidien et à l’accomplissement de votre ou vos objectifs importants ?
- Ensuite, cela vous aide-t-il à devenir une meilleure personne ? Développez-vous des compétences ? En tirez-vous une certaine satisfaction ou fierté ?
Ensuite, faites la liste des bénéfices (évidents, importants ou non) associés à l’accomplissement de cette tâche. En quoi le fait de repasser vos vêtements vous rapproche de vos objectifs de carrière ?
Certaines des réponses à ces questions peuvent paraître toutes bêtes, voire insignifiantes, mais il y a une différence entre le fait de savoir quelque chose et celui de l’intégrer au plus profond de soi.
Il est donc important de vous les répéter jusqu’à ce que dans votre esprit, le fait de faire votre comptabilité par exemple ne soit plus dissociable du rêve que vous poursuivez.
Le bâton pour faire avancer l’âne
Enfin la dernière étape consiste à identifier les conséquences néfastes associées à la non-exécution de ces tâches. En effet, dans bien des cas, la menace de la punition est bien plus motivante que la promesse de la récompense. Et si vous avez du mal à identifier ces conséquences, voici quelques pistes de réflexion qui devraient vous mettre sur le bon chemin.
Vous nourrissez stress et anxiété
L’une des pires choses qui vont de pair avec le report de tâches est que, finalement, cela provoque des sentiments désagréables qui finissent par avoir un mauvais effet sur votre santé mentale. La procrastination est le plus souvent une cause de stress et peut conduire à l’anxiété.
Lorsque vous êtes sous pression et que vous commencez à paniquer à propos des choses que vous auriez pu faire mais que vous avez ignorées, vous commencez souvent à vous sentir mal dans votre peau.
Plus vous agissez ainsi, plus vous risquez de devenir anxieux et, dans le pire des cas, de déclencher d’autres problèmes mentaux.
D’ailleurs, des études menées en 2022 (1) indiquent que les personnes qui procrastinent de manière chronique présentent des niveaux de stress plus élevés et sont plus susceptibles de souffrir de problèmes de santé aigus, tels que :
- l’insomnie ;
- les problèmes digestifs ;
- la tension et les douleurs musculaires.
Vos obligations s’empilent
Lorsque vous commencez à éviter quelque chose et que vous le repoussez d’une heure, d’un jour ou d’une semaine, il est inévitable qu’un jour, vous vous réveillerez avec une tonne de choses à faire. Plus vous les évitez, plus vous en aurez, et donc plus vous coulerez sous leur poids.
Une peur grandissante
La peur est également l’une des raisons pour lesquelles nous remettons à plus tard. Mais si vous ne faites rien, cette peur restera dans votre vie jusqu’à ce que vous décidiez qu’il est temps de prendre les choses en main et de les gérer.
Prendre une décision qui vous effraie ou terminer une tâche qui vous rend nerveux n’est pas une chose facile à faire. Mais une fois que vous l’aurez fait, vous surmontez votre peur de l’échec et il vous sera beaucoup plus facile de prendre la décision beaucoup plus rapidement la prochaine fois que vous serez confronté à une telle situation. Dale Canergie livre d’ailleurs dans son ouvrage How to Stop Worrying and Start Living, des clés pour dominer le stress et les soucis.
Les mythes sur la procrastination
Après avoir abordé la procrastination sous l’angle du fléau à combattre, il est temps désormais d’opérer un changement de perspective. La procrastination en tant que facteur d’efficacité, voire de productivité.
La procrastination n’est pas un terme moderne, même si nous avons tendance à penser qu’elle est apparue avec l’ère du numérique. Bien que le terme remonte au 16e siècle, l’art de procrastiner et de remettre au lendemain ce qui peut être fait aujourd’hui est vieux comme le monde.
Un des mythes sur la procrastination est qu’elle est liée à une mauvaise gestion du temps, mais les personnes qui sont parfaitement capables de planifier peuvent retarder des tâches qu’elles trouvent intimidantes, déroutantes ou ennuyeuses.
Les gens pensent souvent, à tort, que tous les procrastinateurs sont paresseux. Certes, la paresse peut conduire à la procrastination. Mais il arrive que les gens remettent une tâche à plus tard pour d’autres raisons comme la peur. Une personne souffrant d’une perte de poids inexpliquée par exemple peut retarder sa visite chez le médecin parce qu’elle a peur de ce qu’elle pourrait apprendre.
Un autre mythe sur la procrastination est qu’elle est toujours mauvaise, mais parfois, attendre pour commencer un projet constitue une meilleure gestion du temps. Historiquement, pour les êtres humains, la procrastination n’a pas toujours été considérée comme une mauvaise chose.
Les Grecs et les Romains avaient généralement une très haute opinion de la procrastination. Les dirigeants les plus sages étaient adeptes de la procrastination et restaient assis à réfléchir et à ne rien faire à moins d’y être obligés.
Mais dans le monde du travail, la gestion des délais est un outil important pour les êtres humains. Les gens réussissent mieux et sont plus heureux lorsqu’ils gèrent les délais. La procrastination est tout simplement un état d’esprit universel chez l’être humain. Nous aurons toujours plus de choses à faire que nous ne pouvons en faire, et nous imposerons donc toujours une sorte de retard injustifié pour certaines tâches. La question n’est pas de savoir si nous procrastinons, mais si nous procrastinons bien.
Certains scientifiques affirment qu’il existe deux types de procrastination : la procrastination active et la procrastination passive.
La procrastination active signifie que vous vous rendez compte que vous retardez indûment la tonte de la pelouse ou le nettoyage de votre placard, mais que vous faites quelque chose de plus important à la place.
La procrastination passive consiste à rester assis sur son canapé sans rien faire. Et c’est celle-là qui est clairement un problème.
Procrastination ou hiérarchisation des priorités
La procrastination, qui consiste à reporter des tâches ou des projets à plus tard, quelle que soit leur urgence, et la hiérarchisation qui consiste à réorganiser les tâches pour s’occuper des plus importantes (ou de celles dont l’échéance est la plus pressante), ne sont pas les mêmes.
Remettre la rédaction d’un devoir à la veille de sa remise est de la procrastination. En revanche, attendre jusqu’au lundi suivant pour commencer la rédaction d’un devoir pour un cours parce que vous avez un examen pour un autre cours le vendredi, c’est de la priorisation.
Étudier pour l’examen est prioritaire par rapport à la rédaction du devoir en fonction de l’ordre supposé des échéances dans ce scénario.
Avantages de la procrastination
La procrastination peut toutefois avoir des avantages. Certaines personnes trouvent que le fait d’attendre jusqu’à la dernière minute peut stimuler la créativité, la pression d’une échéance imminente amenant à des sauts de pensée qu’une approche plus traditionnelle ne permettrait pas.
En outre, certains suggèrent que la procrastination apprend aux gens à gérer les délais. Dans Wait : The Art and Science of Delay, l’auteur et professeur d’université Frank Partnoy affirme que lorsque les gens sont confrontés à une décision, ils doivent évaluer le temps dont ils disposent pour la prendre.
Attendre jusqu’à la dernière minute possible, écrit-il, apprend aux gens à gérer les retards, ce qui peut les aider à mener une vie plus heureuse.
Comment contrôler la procrastination ?
Il n’est pas facile de contrôler la procrastination, mais vous pouvez essayer quelques trucs pour vous rendre plus déterminé et plus discipliné dans l’accomplissement de vos tâches.
Voici quelques exemples de ce que vous pouvez commencer à mettre en pratique afin d’obtenir des résultats rapides :
- Reconnaissez le modèle dès que possible.
- Réfléchissez aux raisons possibles pour lesquelles vous procrastinez.
- Réorganisez vos priorités.
- Faites des listes et fixez vos objectifs.
- Réduisez au minimum vos distractions.
- Concentrez-vous sur la tâche la plus difficile au moment où vous êtes le plus productif et au sommet de votre forme.
- Promettez-vous des récompenses après chaque tâche accomplie.
- Pratiquez une meilleure gestion du temps.
- Comprenez les risques de ne pas achever vos tâches et les récompenses que vous en retirez.
- Utilisez des applications de gestion des tâches.
Avec un peu de travail, vous pouvez facilement surmonter la procrastination lorsque cela est nécessaire. Gardez à l’esprit qu’elle peut aussi être un bon moment, mais seulement lorsqu’elle est en quantité modérée.
Pardonnez-vous le passé ; il est passé de toute façon et vous ne pourrez jamais plus le défaire. Par contre, vous êtes encore seul maître du présent et de la direction vers laquelle vous souhaitez aller dans le futur. C’est là qu’il faut concentrer les efforts.
L’une des meilleures choses que vous puissiez faire pour vous-même est de comprendre ce qui vous rend heureux et comment vous allez l’obtenir. Après avoir réalisé cela, vous n’aurez plus de problème de procrastination.
Pour aller plus loin, découvrez ces 6 techniques infaillibles pour remplacer une mauvaise habitude par une bonne.
Sources :
- Procrastination Among University Students: Differentiating Severe Cases in Need of Support From Less Severe Cases