« Mais pourquoi je garde tout ça ? » C’est ce que j’entends à chaque mission de désencombrement, quand on plonge dans les armoires ou les tiroirs qui débordent.
La peur de gaspiller reste, bien souvent, la raison invoquée. Vous vous sentez coupable de vous débarrasser de ce que vous n’utilisez pas car ce serait du gâchis. Or, il y a tellement de choses que vous possédez et que vous n’utilisez plus ou jamais.
Un monde de gaspillage.
La société de déménagement Movinga a réalisé une étude qui s’intitule « un monde de gaspillage ». Celle-ci révèle l’écart qu’il y a entre la perception et la réalité quand il s’agit de gaspillage de nourriture et l’accumulation de nos biens. Elle a été réalisée auprès de 18000 familles dans 20 pays, dans 3 domaines :
- Les vêtements,
- La nourriture,
- Les objets usuels.
Les participants ont noté le taux d’utilisation de chacun d’entre eux pendant une période déterminée.
Ensuite, après un entretien et un tour complet de la maison avec les participants, les auteurs de l’étude ont déterminé à leur tour le taux d’utilisation des biens pendant l’année écoulée. Entre la perception du participant et les constats des intervieweurs, il y avait une marge. Ces données ont donc permis de calculer ce qu’ils appellent “une marge de désillusion”.
Movinga souhaite réduire le taux de CO2 émis lors des transports, notamment ceux lors des déménagements. Elle estime que 22% de ce qui est transporté lors un déménagement ne sera jamais plus utilisé. Les conclusions de cette étude nous montrent à quel point notre perception de la réalité est faussée.
- En Belgique, nous avons le sentiment que nous ne portons pas 26% de notre garde-robe. Or, c’est en réalité 88% de notre garde-robe qui n’est jamais portée. Marge de désillusion : 62% ! Nous sommes les plus mauvais élèves occidentaux concernant l’habillement.
- En France, les participants ont l’impression de ne pas utiliser 6% de leurs objets alors qu’en réalité, c’est 3x plus (18%).
Voici le tableau qui montre les résultats de l’étude et cet écart entre notre perception et la réalité.
Comment reprendre les commandes ?
On pourrait se dire qu’il est temps de cesser de se voiler la face et être très honnêtes avec nous-même.
Mais d’expérience, je sais que ces illusions que nous révèlent ces chiffres, sont entretenues par deux choses:
Premièrement, nos peurs. Et notamment la peur de gaspiller (mais aussi les peurs de manquer, de regretter, du passé, du futur ou encore du vide). Cette peur de gaspiller entraine de la culpabilité. Pour reprendre les commandes, prenez conscience de votre culpabilité. Celle-ci n’a jamais rien fait avancer. Remplacez le mot culpabilité par le mot « responsabilité ». « Je me sens coupable de gaspiller » devient « Je me sens responsable de ce qui rentre en ma possession. »
Est-ce moi qui doit être responsable de la transformation de ce jeans troué en sac à main? Ou je peux faire plaisir à une super couturière qui aime tant faire cela et qui manque de matière première?
Deuxièmement, Il y a ce qu’on appelle les biais cognitifs, qui trompent constamment notre cerveau et qui nous amènent vers ces illusions et des comportements irrationnels. Ce sont des mécanismes de pensée faussement logique qui sont à l’origine d’une altération du jugement.
Ces biais cognitifs entraînent par exemple:
- L’illusion d’être protégé de la pauvreté en gardant de vieux électro ménagers et des vêtements défraichis.
- Ou encore l’illusion d’être à l’abri en cas de besoin avec des réserves incommensurables de nourriture que vous ne mangerez jamais (mais qui traine là en attendant la date de péremption pour avoir une vraie raison de les jeter).
- Ou – celle que je préfère – l’illusion que nous n’allons pas perdre de l’argent en gardant cette paire de chaussures payée 200€, que vous n’avez jamais portée et/ou que vous ne porterez jamais. Comme si les 200€ n’étaient pas déjà partis…
L’encombrement c’est aussi du gaspillage.
Tout ce que vous gardez chez vous par erreur de jugement ou peur, c’est aussi du gaspillage. Vous gâchez votre espace et votre temps.
Ce que vous accumulez depuis longtemps chez vous ne vous apporte pas de bonheur, que du contraire. Ce sont des tracas enfuis dans vos placards. Energiquement, cela ressemble à de l’eau stagnante.
Comment agir?
D’abord, faites sortir de votre habitation ce qui n’a plus de place dans votre vie. « Votre maison est un lieu de vie, pas un lieu de stockage » écrivait Francine Jay (le bonheur est dans le peu).
Ensuite, donnez. Aujourd’hui, il y a un nombre incalculable d’association qui prennent des dons de toutes nature. Pas que les vêtements, mais aussi les objets d’utilisation courante.
Puis, jetez ce qui est cassé dans un recypark : vous n’allez pas sauver le monde en conservant des ustensiles cassés que vous avez remplacés depuis longtemps par un objet neuf et fonctionnel. Donnez-lui l’opportunité d’être recyclé.
Et enfin, achetez ce dont vous avez besoin, résistez aux sirènes de la mode. Faites part à votre généreux entourage de votre besoin de contribuer à moins de gaspillage. De cette façon, vous reprendrez le pouvoir sur votre vie.
Et vous, vous gardez aussi pour éviter le gaspillage?